Deezer reporte son entrée en Bourse: un coup d’arrêt pour la French Tech? – Challenges.fr

Deezer a reporté sine die son introduction en Bourse. Ce revers ne remet pourtant pas en cause la santé de l’écosystème de la French Tech.

La grande famille French Tech est sous le choc. En annonçant mardi soir, au tout dernier moment, le report sine die de son introduction en Bourse, Deezer a sifflé la fin de la grande fête d’auto-célébration de la France digitale. La plateforme de streaming musicale promettait d’être la prochaine Licorne après Vente-Privée, Criteo et Blablacar, toutes valorisées plus d’un milliard de dollars. Ce sera pour plus tard. Peut-être…Pour autant, le revers de Deezer ne remet pas en cause l’écosystème français, élaboré au cours des 18 derniers mois. L’entreprise porte elle même les raisons de son échec. Son environnement concurrentiel s’est considérablement durci au cours des derniers mois avec, notamment, l’entrée en lice d’Apple Music, qui revendique déjà quelque 6,5 millions d’utilisateurs actifs, plus que Deezer. D’autre part, le choix de la place de Paris pour réaliser cette introduction a été beaucoup critiqué par les analystes du secteur.La voie choisie par Deezer n’était peut-être pas la bonne. Frédéric Mazzella, le fondateur de Blablacar, le clame haut et fort : « il n’est plus nécessaire pour une start-up française de faire appel au marché pour trouver 200 millions de dollars. » Lui même vient de lever cette somme auprès de plusieurs fonds d’investissement, notamment américains, valorisant l’entreprise à 1,6 milliard d’euros. « Cela nous permet de ne pas êtres soumis aux nombreuses contraintes d’une entreprise cotée », explique-t-il. Et de gagner en agilité.L’action de la Bpifrance décisiveLes entrepreneurs français sont encore loin de la situation de leurs homologues américains, tel un Uber capable de lever 7 milliards de dollars sans passer par la case Bourse. Mais la situation des start-up tricolores a changé du tout au tout au cours des derniers mois. Des entreprises comme Withings, dans les objets connectées, Sarenza dans le eCommerce ou Sigfox, dans les réseaux cellulaires ont toutes démontré qu’il était désormais possible de se financer à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros, en restant en France et en demeurant maître de son destin. L’action menée par Bpifrance depuis deux ans a été décisive à cet égard. Il y a encore un an, les start-up butaient sur cette phase critique pour leur développement à l’international et bien souvent, elles n’avaient d’autre solution que de se vendre.La mésaventure de Deezer ne reflète donc pas la situation réelle de l’écosystème français de start-up aujourd’hui. Une autre pépite française va prochainement tenter de séduire les marchés : Showroomprivé, le site marchand, débutera le 30 octobre les négociations pour son introduction sur Euronext Paris et recevra le jour même la visite du ministre de l’Economie Emmanuel Macron. L’entreprise n’est pas concurrencée par Apple et espère lever 373 millions d’euros. Les investisseurs jugeront sur pièce.

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