Naissance d’une plateforme : Amazon Web Services – 15marches

11 juillet 2014
YesWeCo

Naissance d’une plateforme : Amazon Web ServicesAmazon est connu pour son site de vente en ligne. Beaucoup moins pour ses Amazon Web Services, utilisés mondialement par des milliers d’entreprises, de la NASA à la startup de votre voisin. Comment le e-commerçant est-il devenu une plateforme ? Genèse du changement…

(toutes les citations sont tirées de Jeff Bezos and the Age of Amazon, Brad Stone. Voir au bas de l’article)

En février 2002, Tim O’Reilly prend l’avion pour Seattle. Il veut tenter de convaincre Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, de révolutionner la place qu’occupe le site marchand sur le web.Tim O’Reilly (photo : Wired)O’Reilly est un éditeur de publications très écouté dans le monde du web. Il est aussi à l’origine des Maker Faire, ces rassemblements de “makers” qui prône le Do it Yourself et le partage (lire ici ). L’évangéliste du 2.0. et le roi de l’e-commerce ont appris à se connaître deux ans auparavant, lorsque le premier enjoignit publiquement au second d’abandonner le brevet déposé par Amazon pour protéger l’achat “one click” (achat direct sans saisie de moyens de paiement). Amazon voulait ainsi empêcher son principal concurrent, Barnes and Noble, d’utiliser sa découverte à son profit. Dans une campagne publique, O’Reilly rappella à Amazon que comme beaucoup de tech companies, elle devait son succès à l’utilisation de solutions open sources construites par d’autres (Linux, Apache,…). Il lui demanda de ne pas enfermer l’innovation avec des brevets : “Une fois que le web sera entouré de grillage par les brevets, ce glorieux terrain de jeu ouvert deviendra un terrain vague de propriétaires, et les fontaines de l’innovation future seront taries (…) Pour faire court, je crois que vous êtes en train de pisser dans le puits” (In short, I think you’re pissing in the well).

Pour O’Reilly,  Amazon.com devait passer du statut d’application verticale au statut de plateforme permettant à d’autres applications de se développer .“Dans le monde des technologies nous savons que les gens les plus intelligents ne travaillent pas toujours chez nous, et qu’un des moyens les plus sûrs d’atteindre le succès est de tirer plus d’idées et plus de travail de l’extérieur de notre entreprise”. La campagne de 2000 n’atteindra pas son but. Le brevet existe toujours (il sera concédé notamment à Apple pour iTunes) mais Bezos s’engagera avec O’Reilly dans un combat commun pour modifier le régime des brevets. Les deux hommes s’apprécient et se respectent.La visite de 2002 porte sur un sujet plus précis : O’Reilly demande à Bezos de rendre accessible gratuitement les données des ventes d’amazon.com pour permettre, par exemple, à un éditeur comme lui de suivre les tendances de ventes afin de décider quoi publier. Bezos rétorque dans un premier temps qu’il ne voit pas ce que cela pourrait rapporter à Amazon. O’Reilly montre à Bezos Amarank, un logiciel créé par sa compagnie pour “scraper” les résultats des ventes du site amazon.com (sorte de copies d’écrans améliorées). Il suggère à Amazon de développer des outils en ligne appelés API ou interfaces de programmation. Ces interfaces permettent à des tiers de récolter des données facilement sur les produits, les prix et les classements de vente. O’Reilly conseille de rendre accessible des parties entières du site et de permettre à d’autres sites de construire des services “on top of them” (littéralement : “au-dessus d’eux”). “Les entreprises ont besoin de penser pas uniquement à ce qu’elles peuvent obtenir pour elles-mêmes des nouvelles technologies mais aussi ce qu’elles peuvent rendre possible aux autres” dit-il. L’Irlandais va convaincre le leader du e-commerce de devenir à son tour une plateforme, préfigurant une (r)évolution majeure dans l’histoire du géant. Jeff Bezos invitera par la suite O’Reilly à exposer son point de vue dans les différentes instances internes d’Amazon. Le PDG prêchera lui-même l’ouverture à l’intérieur de l’entreprise : “nous devons créer ces nouveaux outils pour les développeurs et les laisser nous surprendre”. Le changement est acquis en 2002. À l’instar de Google et Apple, Amazon tiendra sa première conférence ouverte aux développeurs au printemps suivant et les invitera à “essayer de hacker le système Amazon”. Dorénavant les développeurs deviendront des éléments constitutifs d’Amazon, aux côtés des clients et des vendeurs-tiers, auxquels Bezos avait déjà ouvert sa “place de marché” peu auparavant. Un nouveau groupe de travail sera constitué au sein du staff d’Amazon, chargé de concevoir ces futurs outils pour développeurs. Son nom : Amazon Web Services.

Conférence annuelle des développeurs AWS

“Les développeurs sont des alchimistes et notre job est de tout faire pour qu’ils puissent faire leur alchimie »Difficile de comprendre l’évolution stratégique d’Amazon sans intégrer une maxime fondamentale des tech companies américaines : pour ces entreprises, les ingénieurs sont des créat

Source : Naissance d’une plateforme : Amazon Web Services – 15marches

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